Des monnaies numériques de banque centrale ?
Quand Junon Moneta a découvert l’existence de ce « beau projet » d’une monnaie numérique, annoncé par la BCE, il a cru que c’était une blague parce que tous les banquiers centraux ne cessaient de réclamer des interdictions et des sanctions contre les monnaies numériques américaines et asiatiques lancées par des sociétés privées.
La première surprise fut bien sûr le lancement du Bitcoin en 2007 qui revendiquait son indépendance, sa liberté et les statuts d’une monnaie « à registre décentralisé » qui, à terme, limiterait les émissions au nombre de 121 millions d’unités.
L’exemple fut suivi par l’émission explosive d’autres « monnaies numériques » privées qui ne remplissent absolument pas les fonctions d’une monnaie, même pas le Bitcoin, car aucune ne remplit les cinq fonctions d’une « bonne monnaie ».
En 2024, il y avait (encore) près de 10.000 « monnaies » : c’est un piège funeste pour les aventuriers car les banquiers centraux sont leurs pires ennemis, et ils « connaissent » les techniques qui peuvent anéantir des fortunes colossales.
Par contre, en matière de scandales, « le marché des cryptos » n’a rien à envier aux « monnaies FIAT », les monnaies officielles, qui contrairement à leur qualification ne méritent pas du tout notre confiance.
En langage financier, ces « monnaies numériques » sont de simples « jetons » qui permettent de faire toutes sortes d’opérations de préfinancements, d’achat et de vente de ces milliers de « monnaies » sur des « plates-formes privées » (près de 800) avec un quasi-monopole pour le BTC (± 55%) et l’ETH (±15%).
Les plates-formes fonctionnent comme tous les clubs privés du monde, dont bien sûr, les salles de jeu (casinos): il faut pouvoir y entrer, et il faut d’abord acheter le jeton salvateur avant de pouvoir « jouer », acheter ou parier : les banques centrales peuvent donc vous interdire à tout moment l’utilisation d’une monnaie Fiat pour acheter ces jetons.
En septembre 2024, la valeur « marché » de toutes ces « monnaies » était d’environ de 2.000 milliards de dollars. En comparaison, les monnaies Fiat dépassent les 140.000 milliards de dollars dans le monde, et les détentions d’or dans le monde sont de l’ordre de 30.000 tonnes, soit environ 2.500 milliards de dollars.
Les financements « mezzanine ».
Ce système avait été inventé par les banquiers vénitiens pour financer des expéditions lointaines, coûteuses et risquées.
Le premier français qui s’était inspiré de ce système fut Jacques CŒUR au début du XV° siècle.
Né à Bourges, il fut à la base de cette nouvelle classe sociale, les Bourgeois.
D’abord, propriétaire de plusieurs bureaux de change, il reprit cette idée de préfinancement de projets privés en se concentrant sur le financement des expéditions maritimes et des projets d’armateurs.
Il devint si riche qu’il porta ombrage à la royauté et fut menacé de mort par pendaison, avant de s’enfuir et d’offrir ses services à la papauté qui les accepta avec la bénédiction divine.
Les montages « mezzanine » consistent à prêter de l’argent en préachetant des actions et en mettant en place des obligations à moyen terme.
Cette pratique a permis de financer la révolution industrielle un peu partout en Europe : elle fut progressivement abandonnée en France au profit des projets à court terme dans les années 1870 (Henri GERMAIN, Crédit Lyonnais).
Elle a été abandonnée dans les années 1960 par tous les grands banquiers du G7 qui « récoltaient » de plus en plus de dollars baladeurs (évitant les taxations américaines) et s’enrichissaient grâce à la multiplication des marchés de la spéculation.
Ces prêts « mezzanine » sont toujours proposés par des sociétés de capital-risque en « prêts junior » (les plus risqués) ou « prêts senior » (offrant des garanties réelles) mais ces sociétés interviennent de façon anecdotique en Europe (contrairement aux Etats-Unis).
Seuls les prêts LBO (rachat d’entreprises par des salariés) ont été significatifs dans le passé.
La condition en Europe a toujours été basée sur le remboursement privilégié des banquiers, et donc ces opérations sont généralement suivies par des « levées de capitaux » très élevées grâce au lancement de nouvelles actions et obligations.
Les rendements « attendus » par les investisseurs sont supérieurs à 20%-25%, ce qui limite le nombre de prétendants.
Le « beau projet de monnaie numérique pour les peuples ».
Dès 2020, JUNON Moneta a commencé à lire tous les rapports officiels et privés sur le sujet : plus de 1.000 pages en anglais.
Dès la première lecture, il a compris que ce projet était lancé par la BRI pour capter les économies de plus d’un milliard d’habitants au sein du G7 « en totale liberté », et même de plus de 4 milliards d’habitants si l’on comptabilise les populations des BRICS.
Par contre, il a remarqué que le discours changeait au fil du temps, ce qui est normal pour un nouveau projet, mais surtout qu’il changeait suivant les auditoires concernés : grand public et médias, petites banques coopératives, nationales et régionales (les banques commerciales exclues du TOP-100 mondial), haute finance européenne, haute finance américaine et prestataires de services financiers (cartes bancaires et autres).
La monnaie numérique de banques centrales est le projet le plus dangereux pour nos démocraties.
Le livre « L’Europe en pleine dérive » en explique les raisons.
En très bref, ce projet, déjà accepté par la Conseil Européen (Consilium) sans l’accord des parlementaires (nationaux et européens), va définitivement « livrer » la gestion de la BCE (et de toutes les banques centrales) à l’Union Bancaire, elle-même dirigée par la BRI et les représentants des plus grandes banques commerciales (±50).
Ce projet a été mené à son terme par le Commissaire Européen Michel BARNIER et son assistante Nadia CALVIÑO SANTAMARIA, devenue présidente de la Banque Européenne Investissement en janvier 2024.
Cette manœuvre sera la dernière étape pour spéculer sur tous les marchés monétaires et financiers, « en toute liberté », « en toute indépendance » et en « totale opacité » (« il faut préserver l’anonymat des détenteurs », disent-ils).
La BCE deviendra le plus grand paradis fiscal du monde pour la haute finance, avec le système de gestion le plus opaque.
Article écrit par Junon Moneta.